dimanche 14 juillet 2013

AVIGNON Off 2013 - Mes échos du Off (2)

Si Avignon permet de faire de belles découvertes, les séances de rattrapage ne sont pas exclues. Voici un peu des deux...

Vision

Crédit: D. R.
Performeur connu des scènes bruxelloises, Pierre Mégos aime le cinéma, est fou de cinéma. Dans Vision, créé en janvier dernier à la Balsamine et présenté au Théâtre des Doms ce mois de juillet, il allie performance 'live' -côté jardin- et incrustation en direct dans un film diffusé côté cour. Cinéma et théâtre se confondent. La qualité technique est stupéfiante et, outre la machinerie, le comédien parvient à nous offrir une prestation pleine de poésie surréaliste. On repère les références aux univers de Fritz Lang, de Magritte, de Georges Lucas (une petite allusion à THX 1138?), qui doivent avoir nourri l'imaginaire de l'artiste. Mais Mégos parvient également dans son ingénieuse prestation à effleurer avec humour les guerres d'ego entre réalisateur et acteur. Chapeau à la précision de l'artiste qui maîtrise son outil et son propos sur le bout des doigts, ce qui lui vaut notamment une nomination en tant que création technique et artistique aux Prix de la Critique 2012-2013.

Jusqu'au 28 juillet au Théâtre des Doms.
La saison prochaine: du 25 février au 1er mars à La Balsamine à Bruxelles.

End/Igné

Crédit: Cie El Ajouad
Azzedine Bénamara nous avait captivé dans son interprétation dans La Nuit juste avant les forêts de Koltès (au Petit Varia en novembre 2011), ce qui lui avait valu d'être nominé au titre de meilleur Seul-en-scène aux Prix de la Critique 2011-2012. L'artiste formé à Mons et à Valencienne réitère l'exercice solo avec un texte de l'auteur algérien Mustapha Benfodil. Dans un coin reculé du désert, Moussa, jeune gardien de la morgue locale, disserte avec ses morts silencieusement couchés dans leur frigo. Tous ces cadavres incarnent par leur histoire une faiblesse de l'État de droit algérien ou une inégalité sociale. Et Moussa compte bien les raconter ces histoires comme il nous les livre, avec humour et cynisme, dans un livre qu'il prépare avec son ami blogueur-journaliste. Le projet s'avère cependant compromis quand le camarade militant s'immole en plein tribunal et atterrit dans la morgue de son ami Moussa. L'incompréhension et la déception envahit le gardien des morts. Devenir "L'Igné", est-il la seule issue pour faire entendre sa voix dans un régime sclérosé par la paranoïa? Le parcours de Mohamed Bouazizi, le jeune étudiant marchand de fruits qui par son suicide spectaculaire a rendu publique la révolution de jasmin tunisienne. Bénamara démontre encore tout son talent dans ce seul-en-scène qui prend de la distance et pose les bonnes questions des racines de la révolution: celle d'une rancœur trop longtemps contenue.

Jusqu'au 27 juillet à 14h à La Manufacture.

Je vous ai compris

Crédit: D. R.
Projet de fin d'études au départ et aujourd'hui production du Groupov liégeois (Un uomo di meno, Bloody Niggers!), Je vous ai compris nous raconte le parcours des parents deux auteurs et interprètes Valérie Gimenez et Sinda Guessab. La première incarne son père, d'origine espagnole émigré en Algérie. Devenu pied noir et naturalisé français au sortir des accords d'Évian, il confie au public son incompréhension face à l'attitude de la France dans la décolonisation. À côté de lui, la mère de Sinda Guessab, interprétée par sa fille, relate avec un joyeux détachement le parcours de sa famille qui a elle aussi quitté l'Algérie et goûté aux difficultés de l'intégration. Sous la forme d'un sobre théâtre documentaire, les deux comédiennes habillent leur récit de témoignages et de documents d'archives pour mieux nous éclairer sur les différents points de vue d'un épisode de l'Histoire encore douloureux en France. L'écran de fond de plateau sert de planche à dessin géante à Samir Guessab qui tout aussi sobrement illustre le propos des narratrices sans pour autant être redondant. Une belle alliance du textuel et du visuel renforcée par la démarche touchante et personnelle des deux artistes qui se glissent avec aisance dans les costumes de leurs parents.

Jusqu'au 27 jullet à 11h à La Manufacture. Pas encore de date pour la saison prochaine en Belgique.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire